Réévaluation des carbapénèmes dans la vraie vie : la conformité est-elle médecin-dépendante ? - 25/05/17
Résumé |
Introduction |
La réévaluation des prescriptions des carbapénèmes (CP) est importante pour le bon usage des antibiotiques (AB). Effectuée au cas par cas, elle permet de vérifier si les prescriptions sont conformes aux recommandations en cours. Mais l’interprétation des recommandations peut varier d’un praticien à l’autre, y compris au sein d’une même équipe mobile d’infectiologie (EMI). Les objectifs de ce travail étaient d’évaluer (1) l’impact de la réévaluation des prescriptions des CP, (2) la concordance de la conformité des prescriptions probabilistes entre deux médecins de l’EMI.
Matériels et méthodes |
Réévaluation systématique par l’EMI de toutes les prescriptions de CP dans un CHU de 1500 lits de février 2016 à janvier 2017. Pour chaque prescription, ont été recueillis conjointement avec le pharmacien : les facteurs de risque (FR) d’infection par une entérobactérie productrice de bêtalactamase à spectre élargi (EBLSE) (institutionnalisation, colonisation antérieure à EBLSE, antibiothérapie récente, hospitalisation à l’étranger), des facteurs de gravité (neutropénie, instabilité hémodynamique) et la documentation microbiologique. Chaque fois que cela était possible, une alternative aux CP (autre molécule ou arrêt des AB) était proposée soit par un chef de clinique « junior » soit par un praticien hospitalier « senior » de l’EMI.
Résultats |
De février 2016 à janvier 2017, 210 prescriptions de CP ont été réévaluées avec un délai médian de 2jours [1–5] après le début du traitement. Au total, 90 prescriptions (43 %) ont été arrêtées (arrêt des AB : 11/90 (12 %), proposition d’alternative 79/90 (88 %)). Pour les 59 infections documentées, une alternative a été proposée dans 16 cas (27 %) et acceptée par les cliniciens dans 13 cas (81 %). Parmi les 151 prescriptions probabilistes (72 %), 61 patients (40 %) étaient connus colonisés à EBLSE, 141 (93 %) avaient reçu des AB dans les 3 mois, 2 (1 %) avaient été hospitalisés à l’étranger, 5 (3 %) étaient institutionnalisés et 120 (79 %) présentaient des critères de gravité. Dans 48 % des cas (73/151), le senior et le junior de l’EMI étaient d’accord sur la réévaluation de la prescription probabiliste. En cas de désaccord (78/151), dans 97,5 % (76/78) des cas, le senior de l’EMI jugeait non conformes des prescriptions que le junior estimait conformes. Dans ces situations, c’est la présence d’un critère de gravité qui était le plus souvent invoquée par le junior (57/76, 75 %) pour justifier la conformité de la prescription.
Conclusion |
Une réévaluation systématique des prescriptions de CP permet leur arrêt dans près de la moitié des cas. Mais, l’appréciation de la conformité des prescriptions de CP en probabiliste est variable d’un observateur à l’autre et fortement corrélée à la présence de critères de gravité. Il est urgent d’harmoniser les recommandations pour guider les cliniciens et les référents antibiotiques dans cette mission de réévaluation.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 47 - N° 4S
P. S16 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?